Le Clos de L’Orme blanc idéalement situé près de Saint-Armand, bénéficie de l’effet modérateur du lac Champlain. Nous sommes dans la partie ouest du Piémont Appalachien, la plus importante sous-région viticole du Québec. Cette zone, aussi appelée Armandie, est une région magnifique, ponctuée de petits villages et de jolies collines. On y retrouve L’Orpailleur, pionner il y a 40 ans de la viticulture artisanale au Québec ou Pigeon Hill, petit domaine certifié biologique. Le Clos de l’Orme blanc, quant à lui, semble suivre le modèle de ce dernier.
Vignoble très récent de 2 hectares (5 acres), cultivé sans pesticides ni herbicides, mais avec des Seyval de 20 ans hérités de l’ancien vignoble de la Sablière. Lucie Debien et Rino Dumont, des anciens ingénieurs à l’âme artistique, se sont imprégnés de ce coin de pays enchanteur à partir de 2009, jusqu’à ce que l’idée de produire un vin pour en exprimer la beauté devienne une évidence. Une grange ancienne, charmante et accueillante, sert de bibliothèque et d’inspiration pour le nom des 4 cuvées de blanc. En termes d’encépagement, on trouve une moitié de seyval et de geisenheim, et l’autre de pinot gris et de savagnin.
AU PIED DE LA LETTRE
Le seyval « Au pied de la Lettre 2019 » est un bel exemple de ce qui se fait de mieux au Québec de nos jours. Un excellent seyval, en partie fermenté et élevé en barrique – soit 25% de la cuvée en petits fûts neufs de chêne français de 110 litres, le reste en cuve INOX. Peu de manipulations et de soufre, beaucoup de délicatesse dans tout le processus, qui exclut tout collage ou filtration.
CHAPTALISER OU NE PAS CHAPTALISER ?
En Europe, et ailleurs sur la planète vin, la chaptalisation, soit l’ajout de sucre pendant la fermentation pour augmenter le taux d’alcool, est une pratique courante. Les excès de certains vignerons, peu scrupuleux, qui utilisent cette technique (avec d’autres) pour maquiller leur vin, poussent d’autres à ne plus l’utiliser du tout. En théorie, pratiquée avec doigté, comme le ferait chef en train de créer un plat, un peu de chaptalisation en région froide est plutôt souhaitable pour équilibrer l’acidité et le côté moelleux du vin, autrement dit son « gras ».
Mais nous ne sommes pas dans une période propice à la demi-mesure. Dans ce contexte, le Clos de l’Orme Blanc a fait le choix ici, de ne pas chaptaliser, ce qui est tout à l’avantage de son image. Les raisins de ce millésime 2019 annonçaient 19 brix, soit un peu moins de 11% d’alcool potentiel. C’est peu par rapport aux autres vins qui proviennent du monde entier, pourtant, si le raisin est de bonne qualité et que le cépage est adapté au terroir – comme le riesling en Allemagne – cela peut donner de très bons vins, voire d’excellents.
Le vin qui en ressort est certes vif avec une finale sur les saveurs de citron frais, mais il n’est pas vert, ni maigre ou dilué. Au contraire, c’est un vin agréable et racé, car cette acidité donne une impression de minéralité qui se prolonge en finale. En milieu de bouche, il y a du volume, suffisamment pour vouloir déguster ce vin avec des huitres Beausoleil du Nouveau-Brunswick ou des Raspberry Point de l’Ile du Prince Edouard.
Un domaine à suivre avec attention, et surtout à visiter, pour aller chercher un peu de cette quiétude que l’on ressent en buvant ce vin.