Entre pragmatisme et romantisme, l’agent!
L’agent achète et vend, il exerce un métier d’interface par excellence. Il voyage pour sentir, goûte pour voir le champ des possibles.
De mon point de vue, il existe au moins deux grandes avenues qui sous-tendent notre volonté de travailler pour un domaine, de représenter un travail. Sous le marteau et sur l’enclume, l’agent oscille entre pragmatisme et romantisme. Le pragmatisme est symbolisé par l’appétit du tiroir-caisse, le romantisme par l’appétence du cœur.
Toutes les agences naviguent sans cesse dans les eaux tumultueuses et troubles d’un environnement d’affaires en perpétuelles mutations. Entre les accords de l’OMC contestés, les traités bilatéraux attaquables, les réglementations sanitaires protectrices d’oligopoles (voir la définition du rhum au Canada), les pare-feu protectionnistes d’agences gouvernementales ignorantes des réalités de son métier, l’agent, dans sa coquille de noix, vogue sur un océan de complexité. Sans oublier la simple et bien réelle santé économique de son Québec, mais aussi de son puissant voisin du Sud qui, avec 80 % de nos exportations, nous enrhume dès qu’il éternue.
Vinum econimicum
L’agent vinum economicus doit aussi se tenir loin mais proche des récifs d’un monopôle qui, souvent bienveillant, limitait jusqu’à récemment ses possibles (délais d’approvisionnement, délais d’entreposage, prix exorbitants des échantillons, aucune couverture de change, pas de vente à l’unité, pas de magasin en propre), tout en s’adjudant, sans trop de risques, les fruits de sa création de valeur ajoutée.Si tout est compliqué avant d’être simple, il faut reconnaître que l’agent évolue donc dans un contexte complexe où les incertitudes sont bien plus nombreuses que ses bouées de sauvetage.
Le goût supplante l’argent
Voici quelques-unes des raisons pour lesquelles l’agent, souvent sincère, parfois tartuffe, s’assoit sur l’éthique pour accroître son rayonnement, comprenez pour acquérir l’exclusivité de ses domaines viticoles à haut potentiel de revenus.
Heureusement, un agent, ce n’est pas seulement ça! En cherchant bien, en regardant mieux, vous en trouverez d’autres qui s’offrent un luxe différent, celui du cœur que la raison n’ignore pas. Il agit alors en pleine conscience, laissant libre cours à ses élans. S’il devait être rémunéré en estime, il serait Crésus pour certains, tandis qu’il est Crétin pour d’autres. Souvent engagé par la philosophie de ses achats, il « romantise » le métier qui lui donne l’occasion de faire la démonstration que le goût supplante l’argent.