Drôle de période pour un agent en vins

Être agent n’est pas tout simplement être un vendeur de vins. C’est un rôle un peu plus complexe

Quelle drôle de période que celle que nous traversons en ce moment! Si on m’avait dit un jour que je vivrais un tel événement, à une échelle planétaire, mon premier réflexe aurait été de constater le nombre de bouteilles entamées à l’apéro… Tout est bien réel cependant, et comme dans toute réalité, nous sommes confrontés au quotidien.

Être agent n’est pas simplement être un vendeur de vins. C’est un rôle un peu plus complexe : nous avons le privilège d’occuper ce fauteuil entre les vignerons et les consommateurs. Tout agent qui se respecte a donc la tâche de satisfaire les personnes qui gravitent autour de lui : être le parfait ambassadeur des vignerons qu’il représente et répondre aux demandes des amateurs de vins. Alors comment accomplir ce rôle lorsque le monde tourne au ralenti, que le confinement est le mot d’ordre et que les différentes règles de distanciation sociale deviennent de nouvelles habitudes à adopter?

Le désir de boire

Même si la crise sanitaire a entraîné la fermeture des bars et restaurants, les québécois n’ont pas perdu leur désir de boire du vin; les ventes enregistrées par la SAQ et les 5@7virtuels le montrent bien. Les files d’attentes à la SAQ font désormais partie du paysage, au même titre que les cônes oranges. Mais ce n’est pas pour autant que les agences de vin ne connaissent pas de changements. En effet, comment exercer lorsqu’une de nos fonctions principales est de faire déguster nos cuvées? Avec les nouvelles règles citées plus haut, voilà presque deux mois maintenant que nos visites en succursales et nos rencontres avec les sommeliers ne sont qu’un vague souvenir. Jusqu’à nouvel ordre, la partie la plus conviviale et également la plus décisive de notre métier est à proscrire.

Dans la tête d’un agent depuis le début de la crise

Alors je vous laisse imaginer le cheminement de mon esprit depuis le commencement : « Branle-bas de combat! Qu’allons-nous devenir? Par quels moyens pouvons-nous continuer à proposer nos vins aux conseillers de la SAQ? Nos amis de la restauration auront-ils la possibilité de rouvrir rapidement? »

Et puis, comme un effet domino, d’autres nouvelles viennent alourdir le contexte : les salons sont annulés un peu partout en Europe – on croise les doigts pour que cela ne touche pas notre Belle Province –, et puis le couperet tombe, RASPIPAV est annulé. D’autres communiqués suivent à mesure que les jours passent, le moral est au plus bas…

Mais nous nous rappelons soudainement qu’il y a des choses plus graves, que des personnes sont victimes de la maladie et qu’après tout, le vin (avec modération) doit être synonyme de joie. Voilà donc quelques semaines que nous sommes témoins d’un élan de solidarité de la population. Beaucoup, afin de passer le moins de temps possible en succursale, ont privilégié des achats de vins en importation privée, et le timing est parfait.

Les caisses panachées : un cadeau pour le père Noël du vin

Un agent, c’est un peu comme un père Noël au printemps : son inventaire fleurit pendant cette partie de l’année, et nous sommes en plein dedans. Grace à l’excellent travail du comité du RASPIPAV qui a obtenu le droit de proposer des caisses panachées, un horizon plus clair se profile : concentrer nos efforts pour proposer de la variété aux particuliers. Bien-sûr, cela ne se fait pas en un claquement de doigt, car il faut assurer une certaine logistique derrière tout cela. Il faut en effet respecter les conditions imposées par le monopole gouvernemental, répartir les caisses et assurer la livraison. De quoi occuper pleinement nos journées.

Un bien pour un mal?

Peut-être allons-nous ajouter une nouvelle facette à notre métier et compléter la SAQ en termes d’offre (en vendant des bouteilles à l’unité)? Seul le temps nous apportera cette réponse. Nous verrons si nous serons toujours autorisés à proposer des caisses panachées lorsque la vie reprendra son cours. Et qui sait, nous aurons peut-être encore plus de flexibilité? Mais attendez, voilà que je me mets à rêver doucement. Cela doit être la nostalgie de boire un verre sur une terrasse, entouré d’amis, et de vivre l’effervescence du printemps. Je m’ennuie de vous… Ça va bien aller!

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